Non, je ne vais pas vous parler d’Isidore le citadin (vous aussi vous avez la musique du générique dans la tête maintenant ?) ni même du moteur de recherche mais bien d’un de mes ancêtres, mon trisaïeul (arrière-arrière-grand-père) côté paternel.
Isidore n’est pas son nom usuel mais je trouve ce prénom tellement original que je n’ai pas pu m’empêcher de vous parler de lui. Il s’appelle en réalité Joseph Isidore dit Théodore. Tiens, encore un « dit » ! (Si vous n’avez pas lu mon précédent article, je vous invite à le faire). Ce « surnom » de Théodore le suivra d’ailleurs tout au long de sa vie car sur tous les documents qui le concernent, il est nommé ainsi. Mais pour moi il reste cet ancêtre au prénom rare d’Isidore.
Isidore vient du grec ancien Isidôros qui veut dire « cadeau d’Isis ». C’est un prénom très peu porté. D’après ce qu’on peut trouver sur le net, il n’y a jamais plus de 200 Isidore qui naissent par an (données disponibles à partir de 1900 jusqu’à 2019). Peut-être qu’il était moins rare au XIXème siècle, tout du moins en Ardèche, car j’ai trois autres personnes de ma famille qui portent ce prénom, tous nés entre 1845 et 1877. Un sénateur français, aussi originaire d’Ardèche et né en 1863, se prénommait également Isidore (Isidore Cuminal, sénateur de 1920 à 1938).
La vie de mon ancêtre n’est pas moins originale que son prénom, toute proportion gardée bien sûr. C’est surtout les recherches pour trouver son décès qui ont été surprenantes. Je vous raconte, depuis le début.
Isidore (je l’appellerai comme ça pour l’article) est né en 1855 en Ardèche. En 1875, comme tous ses conscrits, il est appelé pour le recrutement militaire et est visiblement tiré au sort puisqu’il sert pendant cinq ans. En 1882, il se marie en Haute-Loire, où habite Clémence, sa femme. Ils fondent cependant leur foyer dans un petit village proche de celui où il est né. Leurs trois premiers enfants naissent ici mais leur quatrième nait à Yssingeaux, en Haute-Loire. Peut-être avait-il de la famille là-bas. Premier « mystère ». Pas la peine de les chercher dans les recensements puisqu’en 1887 ils étaient toujours en Ardèche et en 1890 ils avaient déjà changé de ville : Isidore était dorénavant agent de police à Annonay. Tout cela je le sais principalement grâce au registre matricule.
Puis ils arrivent à Oullins (Rhône), où ils habitaient au moins depuis avril 1910 lors du mariage de leur fils ainé. Je cherche donc dans les recensements de 1911 et je retrouve ma famille : Mme Clémence, chef ; Vincent, le fils cadet ; et Joseph, époux. Comment ça « époux » ?! Je n’avais encore jamais vu ça : le chef de famille est invariablement, s’il est encore en vie, l’époux justement, sa femme venant toujours en deuxième puis les enfants puis les domestiques ou autres membres de la famille. Voilà un deuxième mystère, pourquoi n’était-il pas considéré comme « chef » lors du recensement. Peut-être le recenseur l’avait-il simplement oublié au début puis il l’a rajouté. Mais, je ne sais pas pourquoi, j’ai tout de suite pensé à autre chose : et si mon ancêtre était malade ou considéré comme sénile ou trop faible pour être le chef de famille ?
Bref je continue à chercher les actes de ses enfants et je découvre sur l’acte de mariage du fils cadet en décembre 1913 qu’Isidore est décédé. Il est donc mort entre 1911 et décembre 1913. La fourchette est très petite, ça va être facile. Que nenni ! J’y étais encore des années après (je vous avoue que je n’y ai pas non plus consacré tout mon temps libre). Au début j’ai cherché simplement à Oullins, puis à Lyon, puis les villes alentours… rien. Puis je suis revenue sur mon idée de maladie et j’ai donc cherché dans les villes où il y avait des hôpitaux. Toujours rien. Je commence à faire des listes pour me souvenir des archives que j’ai déjà écumé, je lui consacre une pochette spéciale mais les listes grossissaient et toujours pas de décès en vue.
Des années plus tard, je vais à un atelier sur les hypothèques aux Archives départementales du Rhône et en rentrant je mets en pratique ce que je viens d’apprendre : je trouve tout de suite un dossier à son nom mais aux archives d’Ardèche et je n’ai pas encore pu faire le déplacement. Mais toujours rien sur son décès. Je regarde une vidéo sur les enregistrements et les déclarations de successions et je me dis que je vais forcément le trouver avec ces archives-là. Toujours rien.
Et puis tout à coup je me dis : « et pourquoi il ne serait pas mort à Annonay !? ». Vous vous demandez d’où ça sort cette idée n’est-ce pas ? En fait j’ai supposé qu’ayant été agent de police là-bas il avait peut-être droit, en tant que fonctionnaire, à un traitement particulier s’il était malade (toujours cette idée de maladie qui ne me quitte pas). Ni une ni deux je cherche dans les tables décennales disponibles sur internet et là, énorme soulagement, je trouve enfin la date de son décès. Il est mort en 1912 à Annonay. Je n’ai malheureusement pas encore pu avoir l’acte en main pour en être sûre car il n’est pas en ligne mais avec son nom si particulier, difficile de se tromper. Aucune preuve non plus de mon hypothèse mais le résultat est là… Ouf !
Hello, je viens juste de découvrir votre blog … et votre challenge AZ de cette année …. Nous avons le même thème et aujourd’hui, choisi le même prénom …
Bonjour 🙂
c’est drôle ça ! En même temps il est tellement original ce prénom…
J’aime bien votre format d’article, beau travail
Oh, une généalogiste qui parle de l’Ardèche ! Une vieille photo qui me transporte à Annonay …
Tout cela me parle dans ce ChallengeAZ.
Oh! Je suis ravie de voir votre commentaire car je vous suis depuis quelques temps maintenant (plusieurs années en fait) et j’apprécie beaucoup ce que vous faites.
Je suis à moitié ardéchoise (1/4 côté paternel et la même chose côté maternel) même si je suis lyonnaise 😉