F comme François

Pour vous raconter l’histoire de François, il faut commencer par son acte de mariage, car pour moi, tout est parti de là.

En recherchant les mariages d’une fratrie, je trouve celui de Marie Sophie Mélanie avec François, le 28 novembre 1894 à Pailharès (Ardèche). Dans cet acte de mariage, je découvre que l’époux est « élève de l’hospice de Lyon ». Il est également noté qu’il n’avait « jamais été reconnu par ses parents ». Là commencent les recherches…

Sa date de naissance étant inscrite, je vais voir son acte sur le site des archives municipales de Lyon : il est né de père inconnu, comme précisé dans l’acte de mariage, et de Marie Antoinette. Très bien, je pourrais m’arrêter là, son père ne l’a pas reconnu, à quoi bon chercher. Mais alors « élève de l’hospice », qu’est-ce que ça veut dire ? Je précise que j’en était encore à mes débuts en généalogie. Je fais donc quelques recherches et je comprends très vite que cela signifie qu’il a été abandonné.

Je suis donc allé aux archives du Rhône pour trouver son dossier. J’ai retrouvé la photo que j’en avais faite en 2010, une photo de l’écran des archives, ainsi que les notes que j’avais prises. Mais je suis retournée sur le site des archives et aujourd’hui, dix ans plus tard, c’est en ligne. Quel soulagement car je n’avais pris en photo que la moitié de la première page ! J’aurais manqué tellement de choses si j’en étais restée là ! Je vous propose justement un petit tour des informations que vous pouvez trouver (liste non exhaustive) dans un registre des enfants abandonnés.

En l’occurrence ici c’est le « Registre matricule des orphelins pauvres à la charge du Département du Rhône admis à l’hospice dépositaire de la Charité » pour le matricule correspondant, dans la sous série 3X. Sur le site internet des archives départementales, la recherche est nominative donc pas besoin de connaitre le numéro matricule, c’est un réel gain de temps. Donc en prenant l’exemple de François, voilà ce qu’on peut trouver dans ce genre de registre.

Vous y trouverez les dates importantes de la vie de l’enfant : sa naissance, la date de l’autorisation préfectorale, son baptême, sa première communion, son décès, quand a-t-il été vacciné ou s’il a été remis à des ascendants ou des bienfaiteurs. Pour François, nous y trouvons sa date de naissance, celle de l’autorisation du préfet, celle de son baptême et celle de sa première communion.

Ensuite on trouve une section intitulée « copie de l’acte mortuaire des parents de l’enfant », sauf qu’en ce qui concerne François, on y voit d’autres informations : il est le fils illégitime de Marie-Antoinette (dont on apprend qu’elle a 29 ans, qu’elle est tisseuse au 29 rue des Charpennes, sont indiqués également ses parents et ses date et lieu de décès, huit mois après la naissance de François). On y apprend également que François a un frère et une sœur qui ont tous les deux un numéro matricule, on peut donc supposer qu’ils ont été également abandonnés.

Puis vient la catégorie « placements de l’enfant » où vous pouvez trouver la liste des personnes chez qui l’enfant a été placé jusqu’à ses douze ans. En ce qui concerne François, il a été placé deux fois : en premier chez Pierre Chaix à Saint-Félicien (Ardèche) de 3 à 10 ans, puis chez Pierre Esson, toujours à Saint-Félicien, à partir de ses 10 ans.

Vient ensuite le cadre « layettes et vêtures » où on trouve généralement la comptabilité des achats de vêtements et autres qui étaient remboursé aux familles d’accueil. Puis les « dépenses de l’enfant » qui sont basés sur le même principe, c’est-à-dire la liste des dépenses concernant l’enfant durant ses placements. Ici on apprend que François a eu des frais médicaux au 4ème trimestre de l’année 1873 et des frais scolaires entre 1878 et 1881 ; enfin, que la première famille d’accueil a perçu pendant cinq ans une « subvention pour enfants infirmes ». Ce sont des renseignements précieux car ils donnent une idée de l’instruction de l’enfant et de son état de santé.

Enfin, la dernière page renseigne justement sur sa santé, son parcours scolaire, son éducation religieuse, etc. François est visiblement toujours en bonne santé et bien soigné, il est dit à plusieurs contrôles « gros et fort » ou encore « bien portant », sauf en 1874 où il est indiqué qu’il est dans un « état gourmeux » (probablement une affection pulmonaire et/ou dermatologique) et en 1877 il est « blême et délicat[e] ».

Avec ce simple dossier de trois pages voici tout ce qu’on peut apprendre sur un ancêtre ! Et imaginez toutes les pistes que cela ouvre !

Chercher ses actes de baptême et de communion dans les archives diocésaines, l’acte de décès de sa mère, les dossiers de ses frère et sœur, des informations complémentaires sur ses deux familles d’accueil (recensements notamment), un dossier dans les archives médicales de l’Ardèche, et j’en oublie sûrement. De très belles recherches en perspective !

F Comme Francois
première page (partie supérieure) du dossier de François

Cet article a 3 commentaires

  1. Dominique C

    je vais de découverte en découverte !

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