Dans l’article « D comme Début » du #challengeAZ 2019, je vous parlai brièvement des papiers de famille qui m’ont fait entrer dans le monde de la généalogie. Cet article sur Pierre sera l’occasion de vous en parler plus en profondeur.
Quand j’ai débuté ma généalogie, j’ai donc pris connaissance de ces vieux papiers. Ce sont des actes notariés de différentes natures : contrats de mariage, actes de partage et acte de vente. Il y en a cinq au total et ils datent de 1815-1849.
Je crois qu’à l’époque je n’avais pas vraiment pris conscience de la valeur de ces actes et que l’article d’aujourd’hui me permet (enfin) de réaliser la chance que nous avons de les posséder. Oui, c’est vrai, ce ne sont que des papiers. En effet, nous n’avons pas connu les personnes qui sont mentionnées dans les actes, ni même les lieux d’ailleurs. Mais, si vous êtes généalogiste, vous connaissez le bonheur que l’on éprouve quand on découvre de nouveaux liens de parentés, des lieux précis, etc. Alors imaginez quand ce papier qui contient des informations sur vos ancêtres vous appartient, que vous pouvez les toucher et les lire quand vous le souhaitez. Si on se laisse aller à la poésie, on pourrait même être surpris à voyager à travers les mots qui sont écrits, en touchant le papier granuleux…
Revenons sur Terre et regardons ce que peuvent nous apporter deux de ces actes qui concernent Pierre, mon ancêtre à la 7ème génération. D’abord, son contrat de mariage avec Marie en 1815. Évidemment, les deux parties nous sont présentées : Pierre, cultivateur, demeurant la Vignotte commune de Champeaux, fils de Élie, décédé, et Léonarde, demeurant au même endroit que son fils ; et Marie, demeurant au bourg de Nontronneau, fille de Jean et Marguerite, décédés, de leur vivant demeurant à Saint-Front-Champniers.
Déjà pas mal d’informations dans cette petite introduction puisqu’on peut remonter une génération. Même si, je l’avoue, je pensais trouver leurs dates de naissance ou au moins leur âge, voire même les dates de décès des parents. Mais la suite nous en apprend bien plus sur la famille de Marie puisqu’elle est mineure au moment du mariage et agit donc avec le consentement de son conseil de famille dont le notaire nous donne la composition : François et autre François, oncles paternels, Pierre, Antoine et autre Pierre, parents maternels. Cinq personnes de la famille en une seule fois ! Bien sûr il y a des recherches complémentaires à faire pour les trois derniers car les noms de famille ne correspondent pas à celui de Marie mais c’est déjà un très bon début. On en apprend également plus sur leurs biens respectifs. Marie apporte en dot les « biens mobiliers et immobiliers qui lui sont échus par le décès » de ses parents. Pierre, lui, apporte des biens d’une valeur de 200 francs que sa mère lui cède et qui correspond au quart de tous les biens qu’elles possèdent. Après quelques recherches on pourrait donc avoir une idée du niveau de vie de la mère de Pierre en se basant sur la valeur de la totalité de ses biens (mais je ne le ferai pas ici). Pour finir avec ce contrat de mariage, on apprend également que ni Pierre ni Marie ne savent signer.
Le deuxième acte qui concerne Pierre est un acte de partage entre sa sœur Catherine et lui. Ici, pas beaucoup d’informations sur sa famille si ce n’est qu’il a une sœur, Catherine, et que celle-ci est mariée à un certain Martial, sabotier.
Par contre on en apprend énormément sur leurs biens immobiliers puisque l’acte a été rédigé pour officialiser le partage « à l’amiable » entre Pierre et Catherine des biens « à eux délaissés par feu Elie […] leur père qui n’avait fait aucune disposition ». Les dits biens sont décrit dans l’acte :
- une petite longe de terre ;
- une autre très petite terre ;
- une vigne de « très petite étendue » ;
- un lopin de terre ;
- un autre petit morceau de terre « près le précédent ».
Bien sûr, le notaire spécifie pour chaque bien le nom qui lui est donné et les propriétés qui l’entourent pour pouvoir les situer au mieux.
Le total est estimé à 260 francs. Pour être équitable, deux lots de 130 francs sont constitués et leur attribution est tirée au sort. Pierre obtient le deuxième lot qui est constitué de la moitié du troisième bien et des biens nos 4 et 5. Le notaire spécifie que les deux frère et sœur s’engagent à se donner « mutuellement passage […] avec bœufs et charrette […] pour parvenir à leurs propriétés respectives ». Les deux parties étant d’accord ils sont invités à signer l’acte mais là encore Pierre ne signe pas déclarant qu’il ne sait pas, sa sœur non plus.
Deux actes de quatre pages chacun qui en disent long sur l’histoire de la famille, l’entente entre frère et sœur, les liens familiaux, les lieux où ils habitent, etc. La richesse de ces papiers tient évidemment au fait qu’ils sont en notre possession mais également à leur contenu et je ne saurai que trop vous conseiller de parcourir autant que possible les archives notariales dont relève ces actes car on peut y trouver vraiment beaucoup de détails de vie et même, pourquoi pas, des informations qui ne se trouvent plus dans l’état civil pour diverses raisons.