D comme Denise

Denise, ou plutôt Marie Denise, est accoucheuse. Et c’est à peu près tout ce que je sais d’elle. C’est elle qui déclare la naissance d’une de mes ancêtres.

En ce mois de décembre 1863, il est dit qu’elle est demoiselle, qu’elle a 31 ans et qu’elle habite au 2 grande rue de la Guillotière, dans le 3ème arrondissement de Lyon, et qu’elle sait signer. On peut supposer qu’elle a elle-même participé à l’accouchement. Mais à part ça…

J’ai bien essayé de la retrouver mais rien à cette adresse dans les recensements de 1861 ou de 1866. J’ai une piste pour sa naissance mais je ne peux pas certifier que c’est elle à partir de ce simple événement. Alors puisque je ne peux pas vous raconter son histoire, pourquoi ne pas parler de son métier !

Une accoucheuse est une « sage-femme dont la profession est de faire des accouchements » (source : Larousse universel, dictionnaire encyclopédique en deux volumes, 1949). Et l’accouchement, c’est une histoire de femmes pendant très longtemps (jusqu’à l’apparition du chirurgien-accoucheur à la fin du XVIIème siècle). Avant cela, la spécialiste est donc l’accoucheuse, ou « matrone », en qui le village a confiance. Puis l’Église exige la nomination d’une matrone officielle qui sera désignée après un examen moral et selon quelques exigences comme le fait qu’elle doit être disponible, qu’elle doit être mariée ou veuve et qu’elle ait déjà eu des enfants. L’Église souhaite également qu’elle connaisse les formules du baptême pour pouvoir ondoyer l’enfant en cas de problème. Le matériel qu’elle utilise est du linge, des layettes, des ciseaux, de l’huile et du beurre pour ses doigts, de l’eau (pour l’ondoiement) et de l’eau de vie (pour la maman si besoin est de la réveiller). Une drôle de trousse de secours…

Les chirurgiens les accusent, entre autres, de ne pas savoir faire un accouchement et d’être dangereuses pour les mères et les bébés. Il est donc décidé, après plusieurs décennies, de former ces sages-femmes à leur métier. Ainsi, la loi du 19 ventôse an XI (10 mars 1803) encadre les connaissances et les pratiques des accoucheuses. Elles doivent notamment savoir lire et écrire pour pouvoir faire des ordonnances, elles sont tenues au secret médical et ne peuvent utiliser d’instruments sans appeler un médecin.

C’est donc dans ces conditions que Marie Denise a dû exercer ce métier. Des pistes de recherches s’ouvrent à moi : trouver son diplôme qui a dû être déposé au Tribunal de Première Instance de son domicile (source : https://www.aupresdenosracines.com/ancetre-sage-femme) ou encore fouiller la série H-dépôt des archives départementales du Rhône. Et même si ce n’est pas une ancêtre, je prendrai certainement beaucoup de plaisir à faire ces recherches ! Si vous avez des pistes, d’ailleurs, n’hésitez pas.

Source principale : Revue française de la Généalogie, hors-série La naissance, 2004

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Mme Du Coudray, première sage-femme enseignante

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