M comme Marie Clémence

Vous parler de ma trisaïeule Marie Clémence sera pour moi l’occasion de vous faire part d’une autre de mes grandes passions : l’histoire de la médecine.

Vous le savez peut-être, j’étais infirmière et je n’ai jamais perdu de vue cette part de ma vie. Dès que je peux trouver quelque chose ayant trait à la médecine quand je me renseigne sur l’histoire d’un lieu ou d’une personne, je suis aux anges. N’y voyez aucune tendance morbide mais simplement un grand intérêt pour cette science.

La généalogie étant bien plus que des dates et des lieux, pourquoi ne pas s’intéresser aux maladies de nos ancêtres ? C’est ce que j’ai voulu faire pour Marie Clémence quand j’ai découvert, dans son acte de décès, qu’elle était morte « place de l’hôpital » à Lyon 2ème (à l’Hôtel-Dieu).

C’est un réflexe, quand je ne trouve pas le décès d’une personne que je recherche dans l’arrondissement ou dans la ville de sa résidence, je cherche dans les arrondissements des hôpitaux, c’est-à-dire principalement dans le 2ème et le 3ème arrondissement (selon les périodes de recherche). Une fois cette information trouvée dans son acte de décès, il n’y a plus qu’à aller aux archives municipales de Lyon et fouiller dans les registres communicables. Et j’ai eu de la chance car justement ceux concernant mon ancêtre l’étaient.

Enfin, je n’en ai consulté que deux pour l’instant. Celui des entrées/sorties (sous série 2Q) et celui des décès (sous série 4Q) pour la période concernée. Eh bien dans ces deux registres qui ne sont finalement que des « listes » de malades on apprend déjà pas mal de choses.

Dans les deux cas, on trouve le matricule de la personne, son identité (date et lieu de naissance, statut marital, parents), son adresse, les dates d’entrée et de sortie de l’hôpital et la salle dans laquelle votre ancêtre a été soigné. Ce qui est déjà pas mal au niveau généalogie « pure ». Pour le cas qui nous intéresse ici, je n’en ai pas appris plus si ce n’est les dates et la salle. Dans le registre des entrées/sorties, on peut également trouver le type de sortie (décès, retour à domicile, etc.) et la catégorie du séjour hospitalier (si la personne vient de Lyon, du Rhône ou d’ailleurs et si le séjour est payant ou gratuit). Pour Marie Clémence, il s’agit d’un séjour gratuit et le registre confirme qu’elle est bien décédée à l’hôpital comme l’indique l’acte de décès.

Dans le registre des décès, j’ai trouvé un peu plus d’informations comme le nom du médecin qui s’est occupé d’elle et la date et le lieu de son inhumation. Mais surtout, j’y ai appris la cause de son décès. Ça a été pour moi une importante découverte, autant le diagnostic que de savoir que l’on pouvait trouver ce genre d’informations. Peut-être qu’en ce jour de 2012 a été semé une petite graine qui m’a amené aujourd’hui vers la généalogie médicale et la fondatrice de cette discipline, Marine Leclercq-Bernard (si vous ne connaissez pas, je vous invite à aller voir sur son site Humain genealogy).

Marie Clémence a donc été soignée par le docteur Paupert-Ravault, en salle Sainte Marie C. d’un néoplasme de l’estomac (autrement dit un cancer). Que faire de ces informations ?

Pour ce qui concerne la maladie en elle-même, on peut justement se rapprocher de la généalogie médicale. On peut également regarder l’histoire du traitement de cette maladie. Pour faire (très) court, la première gastrectomie totale (ablation de l’estomac) pour traiter le cancer a eu lieu en 1881 par le Dr Theodor Billroth, chirurgien allemand. Mon ancêtre étant décédée dans le premier quart du XXème siècle, cette technique existait donc déjà mais je ne sais pas si cela a été tenté, surtout que son séjour a été très court (13 jours). C’était également le début de la chimiothérapie et le professeur Léon Bérard venait d’ouvrir le deuxième centre anti-cancer de France dans l’Hôtel-Dieu avec 60 lits à priori plutôt concentré sur le soin des cancers du col utérin et de la muqueuse buccale, donc rien à voir avec Marie Clémence. Surtout qu’elle a été soignée dans la salle Sainte Marie et que les caissons anticancéreux étaient installés sous le grand dôme de l’hôpital.

Pour le médecin, j’ai fait quelques recherches, voilà ce que j’ai pu trouver. Il existe un Dr François Louis « Pierre » Paupert-Ravault, diplômé en 1925. Il aurait donc pu être interne pendant le séjour de Marie Clémence. Ce Dr Paupert-Ravault est cependant plutôt connu pour être un rhumatologue, ce qui ne colle pas vraiment. Cela dit, s’il était bien interne à l’époque du séjour de mon ancêtre, il n’avait peut-être pas encore de spécialité.

Ce ne sont que des suppositions, il faudrait aller bien plus loin dans les recherches et parcourir les archives en long et en large (pour mon plus grand plaisir).

M Comme Marie Clemence
salle Sainte Marie de l’Hôtel-Dieu de Lyon, 2ème quart du XXème siècle (source : inventaire général du patrimoine d’Auvergne-Rhône-Alpes)

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